2010 Raid dans le Jura Suisse

Raid en ski & pulka

Traversée du Jura Suisse

27 au 31 janvier 2010

 

Dans le haut Jura, les conditions météo hivernales sont souvent réunies, basses températures (lieu le plus froid de France), enneigement conséquent, vents forts voire très forts sur les reliefs, pour permettre une bonne approche des techniques de raid polaire et avoir un aperçu des conditions que l’on peut trouver dans les régions polaires.

 

Ce mini raid sur 3 jours et demi et 3 nuits n’avait pas pour vocation d’être sportif, il était pour nous plus un entraînement de mise au point technique, de test du matériel récemment reçu, et des nouvelles astuces de bivouac, et surtout de kiter avec les pulkas. Nous avons aussi chargé les pulkas dans la même situation que nous aurons au Spitzberg, c’est à dire avec 50 et 45kg chacun à tirer.

 

Journal de bord

 

Jour 1 : Col de Mollendruz (Suisse)

 

 

Nous avions loué les pulkas à l’agence GNGL, et les avons récupéré au centre polaire de Prémanon, vers 14h, jeudi 27 janvier 2010. Nous avons eu la chance de croiser rapidement Stéphane Niveau (avec qui nous étions partis l’année dernière en stage de bivouac hivernal) qui partait avec un groupe en raquette. Juste le temps de nous prévenir que ces derniers temps, le vent a soufflé fort, et le Mont d’Or par lequel nous voulions passer en partant de Jougne était tout soufflé, laissant apparaître l’herbe. Merci pour cette info, dommage en même temps. Le temps de casser la croûte, se rendre au départ de notre parcours, avec une météo pourrie, de charger les pulkas, nous avons décollé seulement vers 17h ! C’est à dire que nous voulions tenter de faire du kite sur le lac de Joux habituellement gelé, qui ne l’était pas. Alors on a tardivement décidé de poursuivre notre route en espérant trouver un autre spot à Kite, plus loin. Sophie envoie une pensée chaleureuse à ses amis suisses habitants à côté de Vallorbe qu’on aura pas pu visiter à cause de la logistique, snif, c’est partie remise.

 

 

C’est une première, nous partons avec des skis de randonnée alpine. Autant dire que sur le plan psychologique, garder les pieds dans des chaussures de ski alpin pendant 18 jours, faut être bien chaussé ! Il nous fallait donc s’y préparer. Nous sommes équipés tous les deux par  Dynafit, aussi léger (voir plus) que des skis de randonnée nordique, les chaussures sont moins souples mais restent très légères. Incroyable ces dynafit, c’est la révolution du ski de randonnée alpin, légèreté, maniabilité, précision, tout y est. Rappelons qu’au départ, nous voulions partir avec des skis de randonnée nordique. Mais tracté par des kites, la cheville n’aurait pas eu un assez bon maintient, donc il fallait trouver autre chose tout aussi léger. Et finalement, même pour enfiler les chaussures froides le matin, ça allait très bien. Nous mettions nos pieds dans des sachets stop condense qui nous facilitaient l’opération.  Une vendeuse de chaussette à Vieux campeur avait halluciné quand on lui avait dit que nos pieds restaient toute le journée dans des sacs plastiques, elle disait que des champignons allaient se développer entre vos doigts de pieds ! Mais en fait nous n’avions pas trop le choix, car sinon la transpiration évacuée par les chaussettes techniques gèlerait dans nos chaussons. Nous avons aussi essayé avec des serviettes hygéniques que nous mettions dans le fond de la chaussure, mais avec le mouvement et le frottement, elle ne tenaient pas et l’efficacité était nulle. Donc nous prenons le soin  de nettoyer nos pieds le soir, et nos chaussures restent sèches.

 

     Finalement nous irons  peu loin installer notre premier bivouac. La nuit arrivait, à 19h nous prenions notre repas. C’est bien ca, il faut compter 2h entre le moment où on s’arrête, où on installe la tente et tout le nécessaire du bivouac, où on lance la neige à fondre, où on change d’habits plus chauds, et que la soupe est prête. Idem dans l’autre sens au petit matin. Mais nous avons été ravis de constater l’efficacité de notre nouvelle casserole Primus spécialement conçue pour canaliser la chaleur du réchaud et ainsi réduire le temps de cuisson ou fonte de neige. En effet l’eau était prête plus tôt avec un gain d’un peu plus de 5 minutes, et on pourra donc espérer une économie de fuel. Nous avons fabriqué (merci la maman de Sophie pour ses talents de couturière) un sac à viande double en polaire qu’on mettait dans nos duvets couplés. Tout le monde dit q’un couple a plus de chance de ne pas avoir froid et de passer une bonne nuit plus au chaud. Bof, ca dépend, nous pouvons maintenant en parler nous l’avons expérimenté. En ce qui nous concerne, Arnaud est plus grand que Sophie. Alors que Sophie était bien emmitouflée dans sa partie de duvet, Arnaud avait les épaules à l’air dans la sienne, et  a donc eu froid à chaque fois ! Sophie a aussi testé son urinoir féminin appelé P-Mate. Il permet de faire la vidange en position debout ou à genou. Bon ça ne résous pas tout, tandis qu’Arnaud peut faire ça sans bouger de son duvet, moi je vais dans le haut vent de la tente, c’est toujours ça quand c’est tempête dehors. Cette nuit là notre thermomètre indiqua –5°C.

 

Jour 2 : Col de Mollendruz (Suisse) – Pré d’Etoy

Départ 10h30 pour les mêmes raisons qu’évoquées précédemment, avec en prime la neige, le vent, et la faible visibilité.

   Globalement tout notre itinéraire sera retardé par de fréquents exercices de prises de vues avec la caméra ou l’appareil photo (une logistique qui prend du temps, autant être au point dans les manipulations de programmation, et cadrage), puis par une neige fraîchement tombée et abondante qui nous oblige à faire la trace, non pardon une tranchée de passage.

 

 

 

Même sans carte et avec un GPS, nous n’avions pas trop de mérite d’orientation car la Suisse est doté d’un balisage exceptionnel matérialisé par des jalons orange fluo positionnés tous les 30 mètres sur la GTJ (Grande Traversée du Jura).

 

    Une pause soupe, pâté, compote, chocolat à peu près à l’abri du vent derrière ces pins, nous fera reprendre des forces pour la suite du parcours, …, il faut avancer et garder le moral.

 

     La GTJ que nous suivions disparaît peu à peu sous la neige soufflée. On essaie de se repérer en passant devant des bergeries plus ou moins habitées l’hiver. Bon de toute façon c’est plein Sud ! Entre clairières et forêt, nous traversons Les Croisettes, Le Sapelet, Le Bucley.

 

Nous poserons notre deuxième campement à Pré d’Etoy et en plein vent. Avec cette neige légère, nous nous servons de nos skis pour faire des poids morts, ça marche bien. Les bâtons complèteront les autres ancrages de la tente.

Sophie ayant marre de se retrouver à plat dés le début de la nuit dit zut aux interdits du bivouac hivernal et complète l’air de son matelas auto-gonflant en soufflant dedans pour voir si ça fait vraiment beaucoup plus froid dans le dos, et pour voir si elle dormirait beaucoup mieux avec plus d’épaisseur. Cette nuit là il aura fait –12°C, et Sophie aura bien mieux  dormie, elle adoptera sûrement cette technique (peut être, car il y a une différence entre une nuit et une dizaine de nuits !). Elle aura aussi essayé les chaussons en duvet d’oie, qu’elle adoptera très rapidement, c’est encore mieux que les chaufferettes et c’est plus durable, au moins ce n’est pas du jetable.

 

Jour 3 : Pré d’Etoy – Col de Marchairuz

 

 

 

 Au petit matin, nous sommes réveillés par la dameuse qui passait sur les pistes de ski de fond de la GTV. Les flancs et la porte de la tente étaient recouverts de neige, ça a du bien souffler dans la nuit. Départ pour 11h, nous avions eu un bref petit rayon de soleil qui éclaire la bergerie d’Etoy. Finalement le passage de la dameuse nous aura aidé sur un petit kilomètre, après il fallait à nouveau refaire la trace, avec des pulkas qui se renversaient en permanence, notre progression était au ralentie.  Nous prenons la direction Mont Tendre.

   

 

    Puis, à proximité de celui-ci, nous arrivons dans cette immense clairière avant le col de Marchairuz qu’on aperçoit au loin (un départ de ski de fond suisse), avec un rayon de soleil et une bonne brise. On se dit stop, c’est la pause kite ! Le temps de se positionner au bon endroit, d’enlever les peaux de phoques, déplier l’aile, se mettre dans le harnais, plus rien ! Oui le vent qui nous cassait les pieds depuis 3 jours, nous abandonne au moment où on avait besoin de lui ! On remballe tout, et on pose le bivouac là où nous sommes en plein milieu de rien et en plein vent !

 

 

 

Ah le téléphone passe, nous en profitions pour appeler nos amis navetteurs du lendemain pour les prévenir du changement de lieu de rendez-vous. Ce ne sera plus la Givrine, mais le col de Marchairuz, juste une journée de marche avant ! en effet nous avions décidé de rester là pour 2 raisons, déjà, parce qu’au stade où nous en sommes, il était impossible d’atteindre la Givrine, mais surtout  nous voulions tenter une deuxième chance de kite dans cette clairière le lendemain matin au cas où le vent reviendrait !

 

 

 

 

    Et bien sur, au moment de sortir la tente, le vent revient avec la neige, et nous posons notre bivouac sous la tempête, ça devient une habitude, on s’y fait ! Pour nous réconforter, au menu ce soir là c’était fondue aux 4 fromages en lyophilisé ! Surprenant, mais pas si pire, il y avait juste plus d’ail que de fromages, mais avec ses petits croûtons, c’était pas trop mal !

 

 

 

 

 

 

 

Cette nuit là, nous avons essayé encore une nouvelle chose, nous n’avons pas mis les matelas auto-gonflants, nous avons juste dormi sur les mousses, pour voir si ça suffirait, ce serait ca en moins à se charrier. Mais ça n’aura pas était concluant, surtout pour Sophie. Le confort était toujours de taille, pas de soucis de ce côté là, mais nous étions globalement beaucoup moins isolé du sol, donc plus froid dans le dos. Non pas terrible, au moins on aura essayé ! Nous aurons battu notre record de température cette nuit là avec –30°C enregistré. Bon faut dire que le vent fort qui nous rappelait qu’on était dehors, n’a pas soigné le thermomètre ! A 8h du matin en plein soleil, il faisait encore – 27°C. Tout avait admirablement gelé dans la tente, les boucles de fermeture éclair qu’on osait pas trop forcer dessus, donc on resté un moment enfermé dedans, sur toutes les parois de la tente il y a avait plusieurs minimètres d’épaisseurs de condensation gelée, nos duvet étaient tout raid, car gelés, notre bout du nez (la seule partie du corps qui restait en contact avec l’air ambiant) était gelé. C’était une chouette expérience de le vivre au moins une fois avant le grand départ, car il faut bien se dire une chose, nous vivrons cela très certainement toutes les nuits au Spitzberg. Bon Arnaud a décrété qu’il ne partira pas avec son duvet, car il a eu un peu froid. Sophie a aussi atteint les limites du sien.

 


Jour 4 : initiation pulka à nos amis navetteurs  ce jour

 

Au petit matin, la chance toujours avec nous, pas un soupçon de vent pour sortir le kite, on est maudit. Au final, nous n’aurions pas pu tester le kite avec les pulkas, chose que nous ne pouvons pas faire à la maison, tant pis ce sera de l’improvisation feeling au Spitzberg.

Du coup, nous avons traîné à ranger notre bivouac, puis nous avons fait une petit boucle en attendant nos amis qui devaient nous rejoindre depuis Gex. Ils arrivèrent vers 12h (oui parce que la neige qu’on a eu tout du long est aussi tombé sur les routes de circulation automobiles), et nous sommes partis en direction de la combe d’Amburnex avec eux en raquettes. Nous avons pic niqué sur un promontoire. Humm, merci Estelle pour ton sandwich au beurre breton ! Et dire que la veille, on se battait avec Arnaud pour avoir le blanc de gras du pâté, comme quoi le froid rend fou ! Et on s’est même fait une mousse au chocolat lyophilisée !

 

    Ca sent la fin, nous nous sommes séparés en binômes, Arnaud et Cyrille ont pris le chemin en sens inverse pour rejoindre la voiture au col de Marchairuz, et sont allés au col de Mollendruz (notre point de départ 3 jours plus tôt) pour récupérer la 206. En attendant avec Estelle, c’était initiation pulka. Elle tractait la mienne, et j’avais pris celle d’Arnaud, plus lourde. Nous avons fait une boucle par la combe d’Amburnex et retour au col de Marchairuz.

 

Nous avions même eu le temps de se faire une session luge dans une pente énorme, Estelle s’est surpassée.

 

 

Fin du raid 16h, retour maison 20h, rangé le matos ou à faire sécher, couché 23h.

 

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